"La ruée de la Chine vers l'Afrique est synonyme de néocolonialisme"
En session plénière à Strasbourg, le Parlement Européen a adopté un rapport de sa Commission du développement sur la politique de la Chine et ses effets sur l'Afrique. La députée européenne Astrid Lulling se réjouit de la qualité de ce document, surtout des réflexions critiques sur la politique de la Chine en Afrique contenues dans le rapport.
Après le vote en plénière, Astrid Lulling a fait la déclaration suivante:
" La Commission du développement a élaboré un rapport très équilibré sur la politique de la Chine et ses effets sur l'Afrique.
Je le vote avec d'autant plus de satisfaction parce que j'ai fait une très malheureuse expérience à l'Assemblée Parlementaire paritaire ACP-EU. Dans mon rapport sur l'impact des investissements étrangers directs dans les Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, j'avais proposé quelques considérations critiques sur les investissements de la Chine en Afrique. Les délégués des pays ACP, avec la connivence des socialistes, des communistes et des verts, ont réussi à les éliminer toutes de la version finale du rapport.
Pourquoi n'ont-ils pas voulu constater le fait que les IED chinois se concentrent sur les industries extractives afin de garantir une offre suffisante en matières premières à une industrie chinoise en plein essor et qu'ils confortent souvent les gouvernements des pays ACP dans des orientations politiques qui ne vont pas dans le sens de la démocratie, de l'Etat de droit et de la réduction de la pauvreté dans ces pays.
Pourquoi ont-ils éliminé le constat que les IED asiatiques se concentrent aussi sur l'investissement dans certaines filières de sociétés multinationales qui inondent les marchés africains d'articles de mauvaise qualité, notamment de textiles?
Ceci étant, vous comprendrez ma joie lorsque je lis dans l'exposé des motifs de ce rapport, qu'il faut se demander si la ruée de la Chine en Afrique présente un facteur de prospérité ou si elle constitue un pillage des ressources naturelles africaines qui profite à la Chine et sape le développement durable. C'est aussi avec raison qu'on se préoccupe du danger que la Chine pourrait exporter en Afrique certaines de ses pires pratiques nationales, notamment la corruption, les mauvaises conditions de prêt, l'absence de droits des travailleurs et de normes environnementales. Le "safari de Pékin" en quête de ressources naturelles est bien dénoncé dans ce rapport tout comme son néocolonialisme, la concurrence déloyale et le dumping social et environnemental qui entourent les exportations chinoises qui entravent les activités africaines, conduisant les usines à la faillite et aggravant le taux de chômage. On parle du "tsunami textile" de la Chine.
Pourquoi nos partenaires africains dans l'Assemblée parlementaire paritaire ne veulent-ils pas en entendre parler?
Je prendrai soin d'attirer leur attention à ce rapport pour prouver que je ne suis pas isolée pour dénoncer cette situation préoccupante, cela dans leur intérêt. Ils feraient mieux de se préoccuper comme nous de "l'intervention" de la Chine en Afrique et de la manière dont ils nous traitent, nous, qui restons leurs meilleurs partenaires économiques et leurs plus généreux donateurs."
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